Une candidature pour enrayer la reproduction sociale et politique !
Thomas Pagotto
Message de soutien de Thomas Pagotto,
professeur des écoles au Petit Nanterre,
partisan du Front de Gauche.
J’habite à Nanterre depuis bientôt 7 ans, dans le quartier Picasso. J’y ai travaillé plusieurs années dans le domaine de la politique. Marqué par le 21 avril 2002, et notamment par l’incapacité de la gauche à comprendre sa responsabilité dans cet événement, je pensais pouvoir contribuer à changer le système de l’intérieur… Je me trompais : déçu par le manque de démocratie au sein des Partis dont j’ai été membre et écœuré par les pratiques de certain(e)s élu(e)s, j’ai décidé de me rendre utile d’une autre manière, en choisissant de devenir enseignant en primaire dans le quartier des Canibouts, où je travaille encore aujourd’hui.
Je pensais alors en avoir fini avec le monde «merveilleux» de la politique… Quand j’ai croisé la route de Yacine. Avec un exemplaire de «Challenge» sous le bras, il partait avec un handicap, mais après quelques minutes de conversation, j’ai trouvé qu’il tenait un discours intéressant… Pour un patron !
Nous nous sommes recroisés dans des endroits inattendus, comme Zyva, le quartier Picasso, la sortie de mon école au Petit Nanterre, le Bondy Blog, ou encore la Ferme du Bonheur ! Drôles d’endroits pour un patron…
Evidemment, à chaque fois qu’on se croisait, on causait, et j’ai peu à peu réalisé que nous avions des convictions communes. D’abord, Yacine joue collectif : au lieu de disserter sur la démocratie participative, il préfère la pratiquer au quotidien. Ensuite, c’est quelqu’un qui écoute beaucoup, qui prend en compte son interlocuteur et ses idées, mais qui est lui-même force de proposition. Son expérience dans le secteur de l’emploi et de la formation est par exemple précieuse, et son parcours dans les quartiers de Nanterre ont aiguisé sa sensibilité à la notion de service public. Mais ce sont nos conversations sur l’éducation qui m’ont convaincu de le soutenir pour cette élection législative (et les suivantes ?).
Alors qu’il aurait pu, tel une Rachida Dati, se satisfaire de sa «réussite» sociale, et regarder avec mépris ses anciens camarades de classe ayant «échoué», il a compris que la notion «d’égalité des chances» était une arnaque destinée à empêcher les victimes de l’école française de remettre en cause son fonctionnement. Il a compris que si les enfants de cadres devenaient cadres, et les enfants d’employés devenaient employés, c’était parce que l’école dite «républicaine» non seulement n’empêche pas la reproduction des inégalités, mais en fait l’accroit. La «règle du jeu» scolaire est truquée : ceux qui le savent essaient de tricher au dépend des autres, et ceux qui l’ignorent perdent à tous les coups. Les dominants et les dominés restent à leur place. Ca, Yacine l’a constaté, et avec l’énergie qu’on lui connaît, il veut le changer.
Dans ce but, il a décidé de se présenter aux législatives, pour proposer des lois. Une chose est sure : le Parti socialiste n’a jamais été ma tasse de thé et ne le sera sans doute jamais (j’ai été membre du PCF, où j’ai encore beaucoup d’amis, et du PG, et suis toujours partisan du Front de Gauche, dont j’ai soutenu le candidat à la présidentielle). Mais il faut lui reconnaître le courage de proposer un candidat nouveau, aux convictions profondes et à la légitimité indiscutable compte tenu de son parcours pour représenter les Nanterriens dans tous les sens du terme, et ça me plaît. Car la reproduction sociale, si elle est une marque de fabrique de l’école française depuis Jules Ferry, est également très en vogue en politique ! Alors que les Partis sont nés du mouvement ouvrier au début du XXème siècle pour en finir avec l’hégémonie des notables locaux (notaires, avocats, médecins…) qui ne représentaient pas du tout les intérêts des prolétaires, ces mêmes partis de gauche sont aujourd’hui à la botte de barons locaux qui après avoir grandi en leur sein se comportent en seigneurs dignes de l’époque féodale. L’exemple le plus connu est bien sûr celui de Frêche à Montpellier, mais il existe un(e) de ses avatars dans chaque ville, et Nanterre n’est pas épargnée… Au contraire !
Yacine se lance en politique à 42 ans, et, lui, il n’a pas l’intention de faire 42 ans de mandat. Si malgré mon parcours et ma méfiance je lui fais confiance, vous le pouvez aussi. Ce qui nous rassemble est plus fort que ceux qui nous divisent. Yacine Djaziri à l’Assemblée Nationale, voilà qui serait un vrai «changement» !
Un dernier scoop : il m’a avoué lire Challenge pour, je cite, «mieux connaître son ennemi sans nom et sans visage, sans parti, qui ne présentera jamais sa candidature, qui ne sera jamais élu et qui pourtant gouverne : la finance» (Hollande lui aurait piqué la formule apparemment…). Je suis rassuré. Et vous ?
Thomas Pagotto,
Professeur des écoles au Petit Nanterre,
partisan du Front de Gauche.
